Couleurs Country Pour les passionnés de Patchwork

PATCHWORK : UN PEU D'HISTOIRE

(Article inspiré du livre "PATCHWORKS" de Sophie Campbell-1991)

Le mot quilt est arrivé en France avec la mode du quilting (matelassage) une forme d'art populaire courante en Amérique du Nord.

Quilt vient du latin culcita (coussin, matelas) par l'intermédiaire de cuilte, ancien mot dialectal du sud-ouest de la France. 

La forme francienne est "coute" qui a donné "couette" en français moderne.

"Culcita puncta" (en latin, coussin piqué) a donné coute pointe au XII ème siècle, qui s'est altéré sous l'influence de courte en "courtepointe", mot que les Québécquois emploient toujours pour désigner les ouvrages d'étoffe.

Le terme anglais a évolué de façon semblable : "counter point" puis "counter pane" (couverture légère pour le lit).

On parle en Angleterre (1700)  de courtepointe, dans des correspondances et pensées sur l'éducation)

En France, on trouve des couvertures matelassées anciennes dont les trois épaisseurs sont cousues ensemble à point long et piquées en biais suivant des motifs plus ou moins recherchés. Il y a des ouvrages délicats à l'aiguille depuis le Moyen Age, mais l'élevage et l'agriculture prospères les ont abondamment fournies en toile, lainage, soierie et tissus imprimés, les femmes n'ont jamais eu besoin de récupérer des chutes de coton pour les assembler et en faire des couvertures...

Les immigrées de la période coloniale et plus encore les femmes de pionniers américains ont dû au contraire faire face à une pénurie et apprendre à tirer parti du moindre bout d'étoffe... la survie des défricheurs de terre dépendait beaucoup de l'épargne et de l'ingéniosité de leurs femmes.... 

En Amérique, les premiers spéciments de "couvre-lits" vraisemblablement de simples couvertures matelassées, révèle de l'usage domestique, trop ordinaire pour avoir attiré l'attention des chroniqueurs du temps, mais c'est avec les émigrants, anglais, hollandais qu'il s'est développé. Les premiers quilts faits dans le nouveau monde ont donc adopté le style décoratif (apporté de la mère patrie des immigrants, le plumetis notamment)

Au 18 ème siècle les plus élégants et raffinés proviennent des grandes familles terriennes installées dans les colonies au centre et au sud des territoires qui ont formé en 1776 les treize premiers états des Etats-Unis (Maryland, Delaware, Caroline, Virginie), utilisant des morceaux de chintz de couleur, découpés en forme de fleurs, feuilles, oiseaux, appliqués sur un fond de tissu blanc... Ouvrages provenant des mains de femmes de condition aisée, cherchant à imiter du mieux possibles la broderie des Anglaises nobles.

Dans les classes pauvres et chez les esclaves, ont devait se contenter d'accommoder les restes de tissu les plus divers, on confectionnait des quilts par assemblage de petit morceaux. Ces "pieced quilts" perdaient en préciosité, mais le regagnaient en ingéniosité : les femmes assortissaient couleurs, formes pour mettre en valeurs les étoiles, motifs géométriques qu'elles imaginaient fort divers et parfois superbes, réinventaient souvent l'héritage de leur civilisation originelle. Dans certains cas, les deux techniques (piécés et appliqués) apparaissent sur une même courtepointe.

Dès la période coloniale, des restrictions (du parlement anglais) ont habitué les femmes du Nouveau Monde à traiter les étoffes avec parcimonie, puis la situation économique créée par la Grerre d'indépendance (1775 - 1783) menée contre l'angleterre va aggraver les choses, chaque femme (même épouses et filles de riches colons, souvent d'origine anglaise) va économiser les tissus divers (vêtements usagés), recycler les belles étoffes, c'est pourquoi on retrouve sur d'anciens quilts des morceaux de satin, soie, velours. Malgré les champs de coton, les plus pauvres continues à mettre de côté le moindre bout de tissu avec l'idée d'en réunir assez pour faire une couverture ou tresser un tapis. 

Au 19ème siècle, la conquête de l'Ouest met en précarité les femmes des pionniers, d'une humble nécessité, le "rapiéçage" est vite enrichi d'une fonction ludique, seule diversion possible et/ou moyen d'expression à part entière, elle prend une dimension sociologique qui illustre toute une épopée. Tous leurs biens (ustensiles de travail...) tenaient dans un chariot, durant le trajet, les femmes travaillaient à un patchwork destiné à faire une couverture, leur sac de morceaux de tissu toujours près d'elles. Climat rigoureux (sable, froid...), abri précaire, amenait les femmes à confectionner des ouvrages très rapidement avec les vêtements usés ou de petits métrages rapportés de la ville. Beaucoup de femmes sont mortes en chemin, les naissances se succédaient et le taux de mortalité infantile élevé, les hommes pouvaient devenir veuf trois fois, on ne possédait guère que les vêtements que l'on portait.

Dans les fermes isolées, les femmes trompaient leur solitude et leur ennui en cousant. Sans l'esprit de solidarité, la vie dans l'Ouest eût été plus pénible encore, la construction d'une maison, de grange, supposait de l'aide du voisinage, réunissant par la même occasion les femmes pour coudre. A plusieurs le travail au matelassage d'une couverture était moins ennuyeux, on pouvait bavarder : le quilting bee est né (bourdonnement d'une ruche affairée) devenant une tradition américaine augmentée par des événements particuliers (mariage, fiançaille, témoignage d'estime à l'intention d'un pasteur, d'un précepteur...). La femme a investi dans le quilt ses pensées, son imagination, ses rêves et ses ressentiments également, en bref, sa façon d'appréhender sa vie et celle de son milieu social. En révèle les noms extraordinairement diversifiés dont elle a batisé sciemment ses oeuvres, le temps passé à confectionné le quilt laissant peu de place au hasard.

Une courte pointe raconte une histoire dans ses motifs, mémoire collective d'une nation, inspiration religieuse et privées du droit de vote, les femmes n'en pensent pas moins, en témoigne la fréquence des titres qui font allusion aux événements historiques et politiques.

Après 1810, les bateaux à vapeur circulent sur le Mississipi, ils facilitent l'accès au coeur du continent le Middlewest, on peut enfin se fournir en bonne marchandise, jusqu'alors introuvable hors des villes côtières. 

Au 19ème siècle : l'ornementation a évolué vers la multiplicité des modèles et la répétition des motifs, la variété est infinie. Les dessins sont simples et élégants réunissant des fonds blancs, des imprimés ou unicolores choisis.

On distingue dans un même état (la Pennsylvanie) une grande production de quilt, avec l'art sobre des Amishs et des Mennonites, reflètant leur esprit de "non mondanité" et leur formalisme vestimentaire bien connu, de celui pittoresque et varié de la communauté allemande.

Après la guerre de Sécession commença l'ère de la machine, les couvertures de laine tissées mécaniquement, plus économique, remplacèrent les quilts, reléguant les quilts faient "main" dans les armoires et malles. Des collèges de jeunes filles s'ouvrirent, les femmes prennent une place dans le monde du travail jusque-là réservée aux hommes, les mentalités changent, la femme est plus libérée psychologiquement, mais dédaigne de plus en plus les ouvrages manuels... Faute de temps ?

Jusqu'à nos jours où plusieurs d'entre nous y reviennent, privilégient le fait main, pour se détendre d'une ère stressante, pour réapprendre des traditions et coutumes, un retour aux sources, pour "savoir faire" de leurs mains, transmettre à leur tour, pour rejeter un monde de consommation ou le "tout fait mécanique" est privilégié.... pour des raisons qui leur sont propres, mais excellentes pour que la tradition du "Patchwork" perdure.

"Le quilting bee" de nos jours existe encore, le principe est le même que lorsque les femmes des fermes voisines se réunissaient afin de prêter main forte pour quilter un grand ouvrage et travaillaient ensemble tout en discutant des dernières nouvelles, aujourd'hui, les femmes utilisent le quilting bee toujours pour se réunir mais pour offrir leur ouvrage pour un mariage, un anniversaire, ou pour une cause humanitaire, pour des soldats au combat à l'étranger, pour les familles de disparus, pour envoyer à des rescapés de catastrophe climatique, nucléaire ou autre, l'envoi peut se faire dans leur pays ou partout dans le monde, récemment, des associations ont envoyé à travers le monde des courtepointes aux personnels qui ont travaillés dans les hôpitaux lors de la crise sanitaire de 2020. 

A travers ces ouvrages utiles, les femmes montrent leur solidarité, leur amour, leur soutien, leur générosité, leur contribution à des causes, à leur façon, depuis des générations et des générations de femme et encore à notre époque.

La transmission de cet art est donc très importante. Apprendre le patchwork, pourra vous permettre de transmettre votre savoir, votre talent ou tout simplement un peu de vous à vos enfants, vos amis, à votre famille. 

Un "quilt" ou "coutepointe" présente 3 parties : 

  • un dessus orné (le top, devant du quilt)
  • en intermédiaire un rembourrage (molleton, mis entre le top et la doublure)
  • un dessous ou doublure (envers du quilt)

Ces trois éléments sont cousus ensemble et en bordure de l'ouvrage il y a le "biais" qui est cousu sur le top et sur la doublure.

Il existe deux techniques pour faire un "quilt" à la main ou à la machine : 

  • le piècé (to patch) : c'est l'assemblage de plusieurs morceaux pour former soit un seul grand carré, soit un groupe de carrés qui seront à leur tour réunis pour constituer le "quilt".

  • l'appliqué (to patch) : on applique un tissu sur le top (ou un autre tissu), souvent pour y mettre un dessin, plus facile à mettre sur un quilt en appliqué, que de le faire en piècé, on l'applique soit :
    • en point invisibles (les points de couture ne se voient pas) ou
    • avec des points qui se voient "point fantaisie" (avec de la broderie ou au point de feston par exemple)

Le quiltage est alors utilisé pour assembler le top, le molleton et la doublure, afin de consolider le quilt et y faire des dessins de couture, faisant du quilt une oeuvre d'art, avec du fils blanc ou coloré, variant les dessins, à la main ou à la machine.

La pose d'un biais fini l'ouvrage, tout autour du quilt.

L'ouvrage est alors signé, daté et un nom de ville y est ajouté pour le situer dans l'histoire d'une vie.

 

Le Round Robin : Une autre façon de faire du patchwork avec des amies : vous faîtes partie d'un groupe de personne (environ 5-6 au minimum). Vous déterminez ensemble les modalités du Round Robin : gabarit, couleurs des tissus, tissus imposés ou pas....

Chacune des participantes font un centre (avec votre nom à l'envers) avec les mêmes gabarits au début (de même format). Le centre terminé, vous passez votre centre à la personne sur votre gauche et la personne de droite vous donne son centre.

Vous y rajouter un tour de centre (toujours avec vos instructions à respecter sur les couleurs, gabarits, tissus...) mais de votre goût, cela peut être une bande qui entoure le centre avec un appliqué ou un piècé. Ce que vous rajoutez à ce carré de tissu doit en faire le tour. Vous devez cacher ce que vous avez fait à la personne à qui appartient le carré du centre.

Votre rajout fini, vous donnez l'ouvrage à votre partenaire de gauche et vous récupérez l'ouvrage de votre partenaire de droite qui a rajouté elle même un tour au carré du centre... Vous répétez ce principe, jusqu'à récupérer au bout d'un moment votre bloc carré de patchwork du départ, qui a été agrémenté des différentes créations de vos partenaires. Au final vous récupérez (oh surprise) un plaid soit que vous quiltez après avoir mis du molleton et un tissu de fond, soit que vous finissez à votre envie seule. Vos partenaires récupères leur ouvrage et pour chacune vous aurez ajouté votre touche personnel. C'est un peu de chacune d'entrevous que vous aurez dans votre plaid fini.

Dans le même style, vous pouvez si vous êtes (par exemple) 10 personnes faire chacune 10 blocs (avec un modèle, broderie, couleurs imposés, ou pas) avec votre signature dessus (souvent fait en broderie). Vous distribuez au hasard, 9 blocs à chacune des participantes (1 blocs par participante). Vous gardez pour vous le 10 ème bloc. Vos partenaires font de même, vous récupérez donc 9 blocs de vos partenaires (vos 9 partenaires vous ont donné chaucune 1 bloc). Vous les assemblez comme vous le voulez votre bloc, avec les 9 blocs reçus et vous avez un plaid personnalisé avec pour chaque bloc la signature de vos partenaires qui y ont participé. (Cliquez ici pour voir un ouvrage que j'avais fait dans mon association de patchwork). Cela fait un très bon souvenir des amies avec qui vous avez cousu.  

J'espère que vous aurez aimé cet article et que cela vous aura donné l'envie de coudre un quilt,

Très belle journée à vous et Bon patch !

 

 

Date de dernière mise à jour : 15/12/2023

  • 1 vote. Moyenne 5 sur 5.

Ajouter un commentaire

Anti-spam